Dr Bernard Stoffel, ©2004

 

La rhinopneumonie équine est une maladie

  • Infectieuse : elle est due à l’action pathogène d’un virus appartenant à la famille des Herpèsvirus ;
  • Contagieuse : ces virus se transmettent facilement, non seulement par les malades ou leurs secrétions, mais aussi par des chevaux qui en sont porteurs sans développer de symptômes importants, et qui deviennent contagieux si ils sont soumis à un stress ;
  • Polymorphe : les Herpès peuvent provoquer des troubles respiratoires, plus ou moins sévères, mais aussi être responsables d’avortements, de mortalité des nouveaux-nés, ou encore de troubles nerveux plus ou moins intenses…..

Les Herpès sont très répandus dans la population équine. Comme les Herpèsvirus spécifiques des autres espèces, ils ne provoquent cependant des symptômes que chez des organismes soumis au stress, affaiblis par d’autres maladies, ou chez les sujets jeunes dont l’immunité n’est pas suffisante. Ceci dit, il ne faut pas non plus voir l’Herpèsvirus partout !

 

Qui sont-ils ?

 Le virus herpès type 1 (EHV 1) est de loin le plus important dans la pratique et le plus redouté : en dehors des affections respiratoires qu’il apporte, il est considéré comme agent de l’avortement viral chez la jument.

Le virus herpès type 2 (EHV 2) est souvent isolé chez le cheval mais semble être peu dangereux et provoque seulement des troubles respiratoires bénins.

Le virus herpès type 3 (EHV 3) est le virus de l’exanthème coïtal (maladie infectieuse lors d’un accouplement) et de la vulvovaginite (inflammation de la vulve et du vagin avec petites cloques). Les symptômes sont surtout externes.

Le virus herpès type 4 (EHV 4) est une variante de l’EHV 1, il est de la même famille que celui-ci mais agit uniquement sur les maladies de forme respiratoire et non sur l’avortement.

 

Quels sont les symptômes ?

Forme respiratoire: après une incubation de 2 à 10 jours, une forte poussée de fièvre (39 à 41°c) peut survenir et se maintenir pendant 3 à 7 jours, on note aussi des troubles respiratoires : écoulement nasal et oculaire épais, toux grasse…Attention à la surinfection bactérienne !

Forme abortive : l’avortement survient le plus souvent après le 7ème mois sans aucun signe précurseur. Parfois dans les 8 à 15 jours qui précèdent, on observe des signes de coliques (à  cause de la mort du fœtus).Les juments peuvent également donner naissance à des poulains infectés et non viables, présentant des symptômes respiratoires et dont 90% meurent dans les deux premiers jours.

Forme nerveuse : plus rare, elle peut suivre la forme respiratoire et se manifester par des difficultés de locomotion, voire des paralysies de la vessie, ou du train postérieur.

Sauf pour l’avortement bien entendu, les symptômes sont très variables en intensité et peuvent se traduire simplement par des performances médiocres…..

 

 Diagnostic

De nouveau, il ne faut pas immédiatement parler de « rhino » si un cheval tousse ou si une jument avorte…. D’autres maladies peuvent en être responsables….Cependant il convient d’appeler le vétérinaire qui jugera les symptômes par un examen clinique du cheval atteint et du reste de l’effectif, et par l’étude des sécrétions ou des lésions visibles sur le placenta ou l’avorton. La confirmation par le laboratoire est indispensable (isolement du virus, étude des variations des taux d’anticorps).

 

Que faire ?

Il existe deux types de mesures préventives : hygiénique et médicale.

Hygiénique :

  • Boxes séparés et quarantaine pour les nouveaux arrivants dans un effectif ;
  • Désinfection des locaux, des vans et camions, des harnachements, …et du chauffeur…;
  • Séparation des lots de même « statut » immunitaire : vaccinés ou non, foals sevrés, yearlings, poulinières, « vieux », …. ;
  • Appel systématique du vétérinaire et examens de laboratoire en cas de troubles respiratoires infectieux à caractère épidémique, ou en cas d’avortement.

Médical :

Même si elle n’est pas obligatoire, la vaccination est un bon moyen de limiter l’extension d’une épidémie. Elle permet de garder un taux d’anticorps élevé sachant que :

  • Pour que la vaccination soit efficace, tout l’effectif doit être vacciné afin que les chevaux obtiennent un niveau immunitaire équivalent ;
  • Les nouveaux arrivants doivent être vaccinés avant, ou tout au moins au début, de leur période de quarantaine ;
  • L’immunité procurée par les vaccins étant relativement courte, deux injections annuelles au moins doivent être administrées, après la primo-vaccination, et les juments doivent recevoir des rappels pendant la gestation ;
  • La vaccination est d’autant plus efficiente que le cheval vacciné est en bonne santé, déparasité et mis au repos quelques jours.
  • La vaccination ne confère jamais une protection totale, notamment contre l’avortement : la « pression d’infection » peut prendre le dessus.

 

Traitement

Le traitement est du ressort du vétérinaire qui décidera en fonction des conditions sanitaires. Cependant, il faut savoir que :

  • Les antibiotiques n’ont pas d’action sur le virus lui-même mais seulement sur les surinfections bactériennes, qu’il faut contrôler ;
  • Les anti-inflammatoires sont utiles pour atténuer les symptômes aigus, mais utilisés trop longtemps, ils induisent une fragilisation de l’organisme ;
  • L’Herpèsvirus ne peut être délogé de l’organisme ; aussi est-il primordial de garder le cheval atteint dans un « statut » immunitaire élevé, en lui évitant les stress, en lui garantissant des conditions d’hygiène optimales, et en lui fournissant une alimentation équilibrée riche en vitamines et autres substances immunostimulantes.